Né en 1953, Francis Amédro a mené une double carrière de professeur de SVT à Calais et de paléontologue. Ses rencontres dans les années 1970 avec les frères Pierre et Jean-Paul Destombes l'ont motivé pour la recherche en paléontologie. Il a d'abord travaillé sur le Crétacé du Nord de la France (dont l'Albien de Wissant), puis sur l'Albien du Bassin Parisien en général, de la vallée du Rhône, de Tunisie et de Californie, en établissant des corrélations. Il a acquis une réputation internationale sur l'Albien et, plus récemment, sur le Turonien, en étant auteur ou co-auteur de 160 publications. Citons sa zonation phylétique de l'Albien du Bassin Parisien (1992), très pratique sur le terrain, et son analyse très fine de l'Albien moyen aubois (2014), avec de nombreuses planches d'ammonites. L'Albien étant l'étage le plus long du Crétacé, il a écrit un playdoyer très argumenté pour élever l'Albien terminal (Vraconnien) au rang d'étage à part entière (2002). Francis Amédro est chercheur associé au laboratoire Biogéosciences de l'Université de Bourgogne à Dijon et collaborateur scientifique des Facultés Polytechniques de Mons. Il a reçu le prix de la Classe des Sciences de l'Académie Royale de Belgique, travaillé comme géologue consultant pour Eurotunnel et l'ANDRA, et présidé la Société Géologique du Nord de 2008 à 2011. Retraité de l'enseignement depuis 2015, il a légué sa collection au Muséum d'Histoire Naturelle de Lille mais poursuit ses recherches.
Commentaires. Ma page de références cite 18 de ses articles, en se limitant à l'Albien. J'ai énormément appris en les lisant. Très clairs, ils sont indispensables pour bien se repérer dans l'Albien du Bassin Parisien et déterminer les ammonites. Francis a simplifié la systématique des ammonites albiennes et introduits des critères d'identification simples, t pratiques et bien discriminants. Malgré sa retraite, Francis est très actif et souvent absent pour des études sur le terrain, en France comme à l'étranger. Il trouve quand même le temps de répondre avec gentillesse et une redoutable efficacité quand je sèche sur une détermination d'ammonite!
Casey (1917-2016) habitait à Folkestone en Angleterre et a collectionné les fossiles du Gault depuis son enfance. Il s'est orienté vers la recherche sur les conseils de Spath. Recruté après la seconde guerre mondiale au British Geological Survey (équivalent du BRGM français), il a obtenu son PhD en 1958 mais a commencé à publier dès 1936. Bien qu'il ait travaillé sur plusieurs étages géologiques et rédigé en tout plus de 100 publications, son œuvre la plus connue est The ammonoidea of the Lower Greensand (1960-1980), une monographie richement illustrée en neuf parties sur les ammonites des sables verts anglais. Par exemple, il a créé le sous-genre Neosaynella du genre Cleoniceras et plus de 140 espèces, dont les suivantes : Beudanticeras (Beudanticeras) newtoni, Cleoniceras (Neosaynella) inornatum, Douvilleiceras alternans et leightonense, Protanisoceras coptense, Protohoplites (Hemisonneratia) cantianus, Pseudosonneratia acuta, crassa, jacobi, occidentalis et praedentata, Sonneratia caperata, Tetrahoplites occidentalis, et enfin Uhligella derancei et subornata. Casey a aussi affiné la zonation de l'Aptien et de l'Albien anglais et établi des corrélations avec d'autres régions d'Europe, en particulier le nord-ouest de l'Allemagne.
Commentaires. J'utilise beaucoup les volumes du Lower Greensand, bourrés de figures et de planches de haute qualité. Ils complètent bien le travail de Spath, qui ne traite que du Gault plus récent. Même si Casey a eu tendance à multiplier les espèces comme Spath, son style est plus concis et rigoureux.
Doué d'une puissance de travail considérable, Maurice Collignon (1893-1978) a mené de pair les carrières de général d'armée et de paléontologue! Il s'est consacré entièrement à la paléontologie à sa retraite militaire en 1950. Il a étudié les ammonites et échinides de Madagascar, d'abord sur du matériel rapporté par les géologues Saint-Ours et Besairie, puis lors de quatre séjours de 6 mois dont il a rapporté 500 caisses de fossiles! De 1958 à 1971, Collignon a publié l'Atlas de fossiles caractéristiques de Madagascar en 18 tomes et est devenu un spécialiste mondialement reconnu des ammonites. Ses travaux sur l'Albien incluent les fossiles de quatre localités malgaches (Ambarimaninga, 1949; Mokahara et Komihevitra, 1950; Andranofotsy, 1951), puis le tome X de son atlas (1963). Collignon a aussi élaboré une zonation de l'Albien malgache. Dans les années 1960-1970, il a collaboré avec de nombreux auteurs pour étudier les faunes de nombreuses autres régions du globe : Bassin de Tarfaya (Sahara Espagnol, annexé depuis par le Maroc), Sahara Algérien, Angola, Mozambique, Nouvelle Calédonie, Espagne et Turquie. Sa collection qui était à l'École des Mines de Paris est maintenant conservée à l'Université de Bourgogne.
Commentaires. Ses publications sont essentielles pour identifier les ammonites albiennes malgaches, qu'on voit dans les bourses et sur Internet. Les planches de l'Atlas, imprimées à Madagascar, sont hélas de qualité médiocre, à cause du manque de moyens de la jeune république après son indépendance. Beaucoup de nouvelles espèces sont figurées mais sans diagnose ou avec une description trop sommaire. La zonation de l'Albien malgache est encore peu précise, car basée sur des zones d'association. Enfin, il faut tenir compte des révisions comme celles de Riccardi et Medina (2002) puis Kennedy et Klinger (2012). Par exemple, Cleoniceras besairiei a été transféré dans le genre Aioloceras, mais beaucoup de vendeurs d'ammonites malgaches utilisent encore le nom obsolète.
Jim Craig (1933-2001) est un paléontologue amateur anglais de Folkestone. Il a travaillé surtout sur les argiles du Gault de cette localité, ce qui lui a permis de collecter un grand nombre de beaux fossiles nacrés, principalement des ammonites. Il est honoré ici pour son superbe site Internet, Fossils of the Gault clay & Folkestone beds of Kent, UK, avec des clichés en couleur et haute résolution. Ce site a reçu en 2004 le Golden Trilobite Award de la Palaeontological Association.
Commentaires. Le site de Jim est très utile pour identifier les ammonites de Folkestone et de Wissant, ou pour confirmer visuellement une détermination provisoire. Depuis la disparition de l'auteur, il est maintenu par Fred Clouter, membre comme lui de la Medway Fossil and Mineral Society. Ce souci de continuité mérite d'être souligné, car trop de sites disparaissent au décès de leur concepteur. Alors que des livres de plusieurs siècles sont toujours disponibles dans certaines bibliothèques, il faut reconnaitre que la question de la pérennité du contenu des sites Internet est complètement négligée.
Comme Francis Amédro et Maurice Collignon, Pierre Destombes (1912-1922) a suivi une double carrière : il a soutenu son Doctorat en Médecine en 1938, tout en passant un diplôme de géologie pendant ses études médicales. Il avait un frère géologue, Jean-Paul Destombes (1904-1974), avec lequel il a écrit ses premiers articles. Médecin militaire outre-mer jusqu'en 1957, puis chercheur en histologie infectieuse et tropicale à Paris et nommé professeur en 1973, il a pris sa retraite en 1977. Il a publié dès 1937 en paléontologie, dans les revues de l'Académie des Sciences, de la Société Géologique du Nord, de la Société Géologique de France et du Muséum du Havre. Pierre Destombes a beaucoup travaillé sur les sites albiens du Bassin Parisien, comme le Boulonnais, le Pays de Bray (Bully), les carrières de l'Aube et les falaises du Pays de Caux. C'est lui qui a créé Otohoplites bulliensis, une ammonite réputée pour ses magnifiques exemplaires nacrés de Bully. Il a proposé la première zonation de l'Albien basée sur les Hoplitidés (1963). Dans le volume Albien des stratotypes français du CNRS (Rat, 1979), il a écrit un gros chapitre sur les ammonites auboises de l'Albien inférieur et moyen, avec de nouvelles Sonneratia et Pseudosonneratia des carrières du Perchois. Spécialiste mondialement reconnu des ammonites albiennes, il considérait Francis Amédro comme son héritier scientifique.
Ce célèbre paléontologue français (1878-1962) a été diplômé de Polytechnique et de l'ENS. Sous la direction du célèbre géologue Wilfrid Kilian à Grenoble, il a obtenu en 1907 son doctorat sur la stratigraphie et la paléontologie du Crétacé des Alpes. Il est ensuite devenu Professeur à l'Université de Toulouse, puis à la Sorbonne. Pendant sa carrière, il a assuré de nombreuses missions pour l'État, comme la coordination de projets d'adduction d'eau dans le Gard et en Lozère, l'établissement de cartes géologiques, la prospection pétrolière et la direction du Service Géologique de l'Indochine. Il a présidé l'Institut de France, la Société Géologique de France et le CNRS. La même année que sa thèse (1907), il a publié une grosse étude sur les ammonites crétacées du sud-est de la France. Jacob était un observateur très fin, qui a montré dans cette étude que certains genres de l'époque étaient hétérogènes, faisant faire ainsi des progrès décisifs à la systématique des ammonites crétacées. Il a créé par exemple les genres aptiens-albiens Jaubertella, Leymeriella, Tetragonites et Uhligella, ainsi que de nouvelles espèces de Gaudryceras, Lytoceras, Parahoplites et Sonneratia. C'est lui qui a défini par exemple les espèces albiennes Hoplites (Isohoplites) steinmanni, Leymeriella (Proleymeriella) schramenni, Sonneratia sarasini et Uhligella balmensis, clansayensis et rebouli.
Commentaires. Personne n'est parfait : scientifique reconnu par tous et très apprécié de ses étudiants, Jacob a eu la réputation d'un dictateur et affiché des opinions très conservatrices, quand il était directeur du CNRS sous Vichy, de 1940 à 1944.
Le Professeur Kennedy est entré au Département de Géologie et Minéralogie de l'Université d'Oxford en 1967, puis est devenu conservateur des collections en 1976 et directeur du Muséum d'Histoire Naturelle d'Oxford de 2003 à 2010. Il est actuellement retraité mais reste professeur émérite. En travaillant surtout sur des collections anciennes, dont les grandes réserves d'Oxford, Jim Kennedy a rédigé 357 publications sur les ammonites crétacées, notamment sur le Cénomanien et l'Albien du Bassin Anglo-Parisien, du Sud-Est de la France, de l'Afrique du Sud, de Madagascar et du Kazakhstan. Il a révisé de nombreux genres, en ayant la bonne idée de refaire des clichés en haute résolution des vieux holotypes. Il a beaucoup coécrit avec le sud-africain Herbert Klinger sur les ammonites du KwaZulu-Natal (ex-Zululand), avec beaucoup d'espèces albiennes qu'on retrouve à Madagascar. Jim Kennedy a travaillé aussi sur le terrain, citons deux études sur la limite Albien-Cénomanien au Mont Risou près de Rosans (Drôme), et sur la limite Aptien-Albien à Arnayon (Drôme) et Tartonne (Alpes de Haute Provence) en 2000. Parmi les ammonites décrites sur ce site, il a créé les genres Umsinenoceras et Pseudobrancoceras, ainsi que les espèces Brancoceras flexuosum et multicostatum.
Commentaires. Sans doute le plus grand spécialiste actuel des ammonites du Crétacé et le plus prolifique! Ma page de références cite "seulement" 31 de ses publications, liées à l'Albien. J'apprécie chez lui ses révisions saignantes, où il fait bien le ménage en ramenant de nombreuses "espèces" au rang de variants de quelques taxons principaux, tout en rédigeant des diagnoses plus claires. Malgré sa charge de travail, Jim m'a plusieurs fois dépanné aimablement pour déterminer des ammonites et m'a même posté de la documentation. Je n'ai pas réussi à trouver sa date de naissance.
Polytechnicien, Leymerie (1801-1878) a enseigné à Troyes puis Lyon, avant d'être nommé professeur de géologie et de minéralogie à l'Université de Toulouse en 1841. À Troyes, il s'est distingué par ses préoccupations sociales, en dispensant des cours du soir gratuits, en mathématiques et en mécanique, à des ouvriers! Il a fondé en 1830 le Muséum d'Histoire Naturelle de Troyes, est entré à la Société Géologique de France en 1834, et a soutenu son doctorat en géologie en 1840. Il a publié un imposant mémoire en 1841-1842 sur le Crétacé aubois, avec de nombreux fossiles figurés. Malgré son poste à Toulouse, il gardait des attaches avec l'Aube où il conservait de nombreux contacts. En 1846 est parue sa Statistique géologique et minéralogique du département de l'Aube, avec la première carte géologique du département. On lui doit les espèces albiennes Lyelliceras lyelli et Protanisoceras alternotuberculatum, mais il a surtout créé de nombreuses espèces de bivalves, ainsi que des gastéropodes et des oursins.
Ce paléontologue polonais (1946-2010) a obtenu sa Maitrise en Géologie sur le Jurassique de Pologne, à l'Université de Varsovie en 1969, et son Doctorat sur les dépôts crétacés (Albien supérieur-Turonien) transgressifs sur la chaine jurassique polonaise, en 1974. Il a été éditeur en chef de la revue Acta Geologica Polonica depuis 1999 et membre de l'Académie des Sciences de Pologne depuis 2004. Très estimé dans la communauté internationale des paléontologues, il a surtout étudié le Crétacé, dont l'Albien, d'abord en Pologne puis en Crimée, au Kazakhstan, au Turkménistan et à Madagascar. Richard Marcinowski a conduit trois expéditions au Mangyshlak en 1991, 1992 et 1999, dont il a ramené des centaines de fossiles. Il a rédigé 42 publications de 1970 à 2009. Concernant l'Albien, on peut citer sa monographie avec Wiedmann des ammonites albiennes de Pologne (1990), et deux articles sur l'Albien supérieur du Mangyshlak (1983 et 1996).
De son nom complet Jean-Louis Hardouin Michelin de Choisy, cet inspecteur des finances (1786-1867) s'adonnait aussi à la paléontologie, la botanique et la malacologie. Il a même atteint un niveau reconnu puisqu'il a présidé la Société Géologique de France en 1848. Il est cité ici pour ses publications de 1834 et 1838 sur les fossiles albiens de l'ancienne carrière du Gaty à Géraudot, dans l'Aube, où on voit pour la première fois des ammonites albiennes figurées. En particulier, c'est lui qui a créé Desmoceras latidorsatum, Phylloceras (Hypophylloceras) velledae et Pseudobrancoceras versicostatum.
Alcide Dessalines d'Orbigny (1802-1857) est un naturaliste et paléontologue français ayant apporté d'immenses contributions. Après un travail sur les fossiles de foraminifères, inventant ainsi la micropaléontologie, il a réalisé un long voyage zoologique en Amérique du Sud de 1825 à 1833. Ce périple a donné lieu à 11 volumes et 555 planches, salués par Darwin lui-même, et une collection rapportée de 9000 espèces animales et végétales. Il a proposé ensuite un découpage en 27 étages stratigraphiques des périodes du Jurassique et du Crétacé, basé sur des coupes de références appelées stratotypes. 19 sont toujours reconnus internationalement, dont l'Albien défini en 1843. De 1842 à 1860 (à la fin à titre posthume) ont été publiés les 9 tomes de sa Paléontologie Française, avec plus de 4000 pages, 1440 lithographies et 2800 espèces. Cette œuvre magistrale est malheureusement inachevée. Très connu dans le monde entier avec des rues et des écoles à son nom, d'Orbigny a aussi laissé une imposante collection de fossiles, conservée au MNHN à Paris.
Commentaires. La systématique a évidemment beaucoup évolué depuis. Le volume de la Paléontologie Française sur les céphalopodes crétacés a ainsi été révisé dans un livre coordonné par Fischer (2006), avec de bons clichés de spécimens de la collection d'Orbigny. Ces clichés montrent que d'Orbigny et son dessinateur enjolivaient souvent ses planches, par exemple en extrapolant des parties manquantes! Avant-gardiste à son époque, D'Orbigny a eu des problèmes pour faire reconnaitre la nouvelle science qu'était la paléontologie. De plus, il a injustement souffert de jalousies de ses collègues, qui ont plusieurs fois bloqué ses candidatures à l'Académie des Sciences et au Muséum. Il a dû attendre 1853 pour qu'un décret de Napoléon III le nomme enfin professeur, sur une nouvelle chaire de paléontologie spécialement créée pour lui au Muséum. Mais il n'en a profité que 4 ans...
Hugh Owen (1933-2022) est un paléontologue anglais ayant un doctorat du King's College de Londres (1969) et chercheur au British Museum of Natural History. Spécialiste internationalement reconnu de la biostratigraphie des ammonites du Crétacé, il a beaucoup travaillé sur l'Albien d'Europe de l'ouest et en particulier du Bassin Anglo-Parisien. Il a notamment publié une monographie très intéressante, Middle Albian stratigraphy in the Anglo-Paris basin (1971), qui passe en revue de nombreux gisements anglais et français, avec des coupes détaillées. Cette publication décrit aussi quelques nouvelles espèces comme Anahoplites grimsdalei, Anahoplites osmingtonensis et Hoplites maritimus, décrites sur notre site. Dans ses dernières années, Owen a publié avec Gallois des descriptions stratigraphiques très détaillées des formations albiennes du sud de l'Angleterre, région par région : East Anglia et Sud-Est de l'Angleterre (2016), ile de Purbeck (2017), Bassin du Wessex et Sud-Ouest de l'Angleterre (2018), du Dorset au East Devon (2019), du Dorset au Buckinghamshire et Weald Occidental (2020).
Commentaires. Comme Francis Amédro, Hugh Owen a été géologue consultant pour la construction du tunnel sous la Manche, mais côté anglais. En 1983, sur la base d'une étude des inversions magnétiques et des données paléontologiques des fonds marins, il a réalisé un atlas des déplacements continentaux depuis 200 millions d'années jusqu'à aujourd'hui. Dans l'esprit d'Owen, ce travail considérable et reconnu devait contribuer à justifier la théorie de l'expansion terrestre. Cette théorie, proposée en 1953 par le géologue australien Samuel Carey, tente d'expliquer la dérive des continents par une augmentation de la surface et du volume de la Terre. Elle est rejetée par la majorité des géologues.
François-Jules Pictet de la Rive (1809-1872) est un zoologue et paléontologue suisse très prolifique. Il a enseigné la zoologie, la géologie et la paléontologie à l'Académie de Genève, dont il a été recteur en 1847-1850 et 1866-1868. Ressentant le besoin d'un manuel, il a rédigé un Traité élémentaire de paléontologie en 4 volumes (1844-1846). Il consacrait beaucoup de temps au Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, dont il a considérablement enrichi les collections paléontologiques par de nombreux dons et legs. Côté fossiles, Pictet a surtout étudié ceux du Jurassique et du Crétacé de Suisse. De 1847 à 1854, il a écrit avec William Roux la Description des mollusques fossiles qui se trouvent dans les Grès Verts des environs de Genève. Comme d'Orbigny, il s'est attaqué à partir de 1854 à un grand ouvrage, les Matériaux pour la paléontologie suisse, qui parait sous forme de fascicules jusqu'en 1873. Il s'entoure pour cela d'autres paléontologues suisses comme Campiche, Loriol, Renevier et Roux. Une importante contribution des Matériaux est la Description des fossiles du terrain crétacé des environs de Sainte-Croix (1858-1871), rédigée avec Gustave Campiche. Ces références contiennent de nombreuses espèces nouvelles, surtout des gastéropodes et des bivalves. Parmi les ammonites albiennes, citons Pleurohoplites (Arraphoceras) studeri et Protanisoceras blancheti, décrites sur ce site.
Commentaires. François-Jules Pictet était très au courant des travaux des paléontologues français de son époque, comme d'Archiac, Bruguière, Leymerie et naturellement d'Orbigny. Ses publications ont un style clair et agréable, mais assez bavard. Il a un lointain descendant, suisse et paléontologue comme lui, Antoine Pictet, qui conduit des recherches sur le Crétacé inférieur à l'Université de Lausanne.
Ce paléontologue russe (1914-1998?) a travaillé à l'Institut Panrusse de Prospection et de Recherche Pétrolière de Saint-Pétersbourg (VNIGRI en russe), un gros laboratoire de géologie créé en 1929. Il a consacré l'essentiel de ses recherches à la paléontologie des grands affleurements albiens de la péninsule du Mangyshlak, au Kazakhstan. Après avoir étudié les collections de Semenov et Sinzow, constituées vers 1890-1915, il a effectué plusieurs longues missions sur le terrain. Il a élaboré des zonations de plus en plus précises dans ses articles sur l'Albien du Mangyshlak et rédigé deux livres en russe. Le premier, Stratigraphie et ammonites de l'Albien inférieur du Mangyshlak (zones à Leymeriella tardefurcata et Leymeriella regularis) (1973) décrit les céphalopodes de l'Albien basal. Le second couvre le reste de l'Albien inférieur : Ammonites de l'Albien inférieur du Mangyshlak – Leur phylogénie et importance pour la stratigraphie zonale de l'Albien du sud de l'URSS (super-zone à Cleoniceras mangyschlakense) (1992). Ces ouvrages définissent de nombreuses espèces nouvelles des genres Sonneratia, Pseudosonneratia, Tetrahoplites, Protohoplites et Otohoplites
Commentaires. Les livres de Saveliev sont des bibles pour déterminer les ammonites albiennes qui sortent de temps en temps du Mangyshlak, avec beaucoup d'espèces endémiques. Ses descriptions sont verbeuses mais bien structurées et très précises, avec systématiquement les dessins des lignes de sutures. Mais attention, il faut pouvoir lire le russe et les clichés des planches ont une résolution médiocre, comme dans tous les livres scolaires et scientifiques de l'époque soviétique. Saveliev a disparu des radars après la publication de son livre de 1992. Même en utilisant le moteur de recherche russe Yandex, je n'ai pas pu trouver jusqu'à présent des photographies de lui et sa date de décès.
De son nom complet Benjamin Petrovitch Semenov-Tian-Shansky, ce chercheur russe (1870-1942, portrait datant de 1940) est surtout connu pour ses travaux en géographie et économie dans les années 1920-1930, donc du temps de l'Union Soviétique. Mais il s'est consacré dans ses jeunes années à la paléontologie, après un diplôme de géologie à l'Université d'État de Saint-Pétersbourg en 1893. Il a par exemple effectué une expédition en 1895 dans le massif de l'Altaï en Sibérie, pour réaliser une carte géologique. Semenov a commencé à travailler sur la paléontologie du Mangyshlak en étudiant les nombreux fossiles ramenés par son collègue Andrussov lors d'une expédition en 1887. Il est surtout connu pour un gros article de 191 pages et 5 planches (1899), sur la faune des dépôts crétacés du Mangyshlak, une synthèse incluant beaucoup de fossiles albiens. Ce travail constitue la première étude notable sur cette région, avant celles de Sinzow puis de Saveliev. Semenov a défini en particulier les Semenoviceras uhligi, michalskii et pseudocoleonodum. Il a légué une importante collection de fossiles au Musée de Paléontologie de Saint-Pétersbourg.
Né en 1845, Sinzow est un paléontologue russe d'une grande culture, qui a soutenu son doctorat en géologie à l'Université de Novorossiisk, un grand port sur la Mer Noire, en 1872. Il a publié 62 travaux, dont une carte géologique précise de la région de Saratov sur la Volga (1888). Il a écrit surtout en russe mais aussi en allemand et même parfois en français. Il a beaucoup travaillé sur le Crétacé du Sud de la Russie (Saratov, Odessa...), du Caucase du Nord et du Mangyshlak. Dans un article de 1907 en allemand sur l'Aptien-Albien du Mangyshlak, il a défini le genre aptien Acanthohoplites et de nouvelles espèces albiennes, comme Cleoniceras (Neosaynella) platidorsatum, Protohoplites (Protohoplites) latisulcatus, Sonneratia media, S. tenuis et S. sexangula. Certaines de ses Sonneratia ont été transférées depuis dans les genres Arcthoplites et Tetrahoplites, par exemple Tetrahoplites rossicus et subquadratus qui sont décrites sur ce site.
Commentaires. Même si la plupart des ammonites ont été révisées depuis, l'article de 1907 est précieux car les planches de photographies incluent des espèces jamais refigurées depuis. Les quatre espèces mentionnées ci-dessus sont sur mon site. Je remercie Laurent Zimmer de Lithologia, qui en a bavé en me traduisant les descriptions de Sinzow, écrites m'a-t-il dit dans un allemand suranné du 19ème siècle.
Spath (1882-1957) a été probablement le plus grand spécialiste des ammonites des années 1920 à 1950. Travailleur acharné et solitaire, il détestait les mondanités au point de participer rarement aux réunions des sociétés savantes et aux congrès. Il tirait de maigres revenus d'emplois successifs à durée déterminée au British Museum (où il a refusé une position officielle), et de cours de géologie au Birkbeck College de l'Université de Londres, où il était très apprécié des étudiants. Au moins cela lui laissait-il beaucoup de temps libre pour la paléontologie! Après son doctorat en géologie en 1921, ses publications les plus connues concernent le Jurassique du Kutch en Inde (1927-1933) et surtout A monograph of the ammonoidea of the Gault, sur les ammonites albiennes du Gault anglais, en 2 volumes et 16 parties (1923-1943). Il a également étudié des faunes africaines (Angola, Afrique du Sud, Mozambique, Tunisie, Kenya, Tanzanie) et du Groenland. Après Jacob en France, cet observateur très fin a considérablement développé la systématique des ammonites albiennes et créé beaucoup de nouveaux genres et espèces. Il a par exemple défini presque toutes les espèces de Euhoplites décrites sur ce site.
Commentaires. La monographie sur les ammonites albiennes du Gault est la référence la plus complète sur les ammonites de l'Albien moyen et supérieur du Bassin Anglo-Parisien. C'est une œuvre imposante et très utile, dont j'ai la chance de posséder les deux volumes originaux. Mais elle ne traite pas des ammonites des sables verts inférieurs anglais (Lower Greensand), pour lesquels il faut lire Casey. On a reproché à Spath son style littéraire et verbeux, voire précieux, alors qu'on attend d'un scientifique un style plus technique et précis. C'est aussi le type même du chercheur multipliant les espèces sur des différences parfois mineures. Des auteurs comme Amédro et Kennedy ont simplifié des parties de son travail et rédigé des diagnoses plus claires.