Création 03/07/2025
Maj 30/08/2025

Quelques chercheurs sur l'Albien

Cette page présente de courtes biographies de 29 paléontologues ayant contribué peu ou prou à l'étude de l'Albien. Le choix est arbitraire mais tous sont cités dans nos fiches sur les différentes espèces d'ammonites. Le lecteur trouvera les publications citées sur notre page Références. Les biographies sont listées par ordre alphabétique des noms de famille, avec une partie Commentaires qui ne reflète que mes opinions personnelles. Je constate que bon nombre de ces collègues ont disparu depuis l'an 2000, ce qui est tragique. D'autres sont retraités, en gardant souvent le statut de professeur émérite pour les universitaires, mais continuent leurs recherches. Mais où est la relève?


Francis AMÉDRO

Amedro

Né en 1953, Francis Amédro a mené une double carrière de professeur de SVT à Calais et de paléontologue. Ses rencontres dans les années 1970 avec les frères Pierre et Jean-Paul Destombes l'ont motivé pour la recherche en paléontologie. Il a d'abord travaillé sur le Crétacé du Nord de la France (dont l'Albien de Wissant), puis sur l'Albien du Bassin Parisien en général, de la vallée du Rhône, de Tunisie et de Californie, en établissant des corrélations. Il a acquis une réputation internationale sur l'Albien et, plus récemment, sur le Turonien, en étant auteur ou co-auteur de 160 publications. Citons sa zonation phylétique de l'Albien du Bassin Parisien (1992), très pratique sur le terrain, et son analyse très fine de l'Albien moyen aubois en 123 pages (2014), avec de nombreuses planches d'ammonites. L'Albien étant l'étage le plus long du Crétacé, il a écrit un playdoyer très argumenté pour élever l'Albien terminal (Vraconnien) au rang d'étage à part entière (2002). Francis Amédro est chercheur associé au laboratoire Biogéosciences de l'Université de Bourgogne à Dijon et collaborateur scientifique des Facultés Polytechniques de Mons. Il a reçu le prix de la Classe des Sciences de l'Académie Royale de Belgique, travaillé comme géologue consultant pour Eurotunnel et l'ANDRA, et présidé la Société Géologique du Nord de 2008 à 2011. Retraité de l'enseignement depuis 2015, il a légué sa collection au Muséum d'Histoire Naturelle de Lille mais poursuit ses recherches.

Commentaires. Ma page de références cite 18 de ses articles, en se limitant à l'Albien. J'ai énormément appris en les lisant. Très clairs, ils sont indispensables pour bien se repérer dans l'Albien du Bassin Parisien et déterminer les ammonites. Francis a simplifié la systématique des ammonites albiennes et introduits des critères d'identification simples, pratiques et bien discriminants. Malgré sa retraite, Francis est très actif et souvent absent pour des études sur le terrain, en France comme à l'étranger. Il trouve quand même le temps de répondre avec gentillesse et une redoutable efficacité quand je sèche sur une détermination d'ammonite!


Charles BARROIS

Barrois

Charles-Eugène Barrois (1851-1939) est un géologue français de notoriété mondiale, très attaché à son département de naissance, le Nord. Il a obtenu sa thèse à Lille sur le Crétacé supérieur de l'Angleterre et de l'Irlande en 1876, sous la direction de Jules Gosselet avec lequel il a fondé la Société Géologique du Nord. Il a été nommé maître de conférences à la faculté des sciences de Lille en 1878, puis titulaire de la chaire de géologie (après Jules Gosselet) de 1902 à 1926 année de sa retraite. Il a présidé six fois la Société Géologique de France et est devenu membre de l'Académie des Sciences en 1904. Il a levé, le plus souvent seul, la carte géologique au 1/80000 pour toute la Bretagne, soit près de 20 feuilles publiées de 1885 à 1909. Il a ensuite dirigé la prospection détaillée du bassin houiller du Nord de la France puis, après la première guerre mondiale, celle des bassins houilliers de la Lorraine et de la Sarre. Polyglotte, il a traduit en français les quatre tomes du fameux Handbuch der Paläontologie de Zittel. Il est inclus dans notre liste de paléontologues pour son étude du Gault du Bassin de Paris (1875) et son Mémoire sur le terrain crétacé des Ardennes et des régions voisines (1878). Ce dernier inclut une grosse section sur les affleurements albiens du Nord de la France, avec des coupes et des listes de fossiles. C'est Barrois qui a définit, dans l'Albien de l'Yonne, la formation des Sables des Drillons et celle des Sables de Frécambault.

Commentaires. Je n'ai pas réussi à trouver sa liste complète de publications, mais la BnF en recense déjà 42.


Guido BONARELLI

Bonarelli

Guido Bonarelli (1871-1951) est un géologue, paléontologue et anthropologue italien. Diplômé en Sciences Naturelles de l'Université de Turin en 1891, il est initié à la paléontologie par un de ses professeurs, Carlo Fabrizio Parona. Enseignant et chercheur à Turin, Bologne puis Pérouse, il a rédigé plus de 200 publications, la première en 1891, dont plusieurs avec Parona. Il a étudié notamment la géologie des Appenins centraux, de la Lombardie, de la Savoie et de la région de Nice. C'est lui qui a mis en évidence (1891) à Gubbio le niveau qui porte son nom et qui signale l'évènement anoxique océanique n° 2 (OAE 2), à la limite Cénomanien-Turonien. À partir de 1901 il s'est orienté vers la géologie et la prospection pétrolière en Indonésie, en Bolivie et en Argentine pour la Royal Dutch (future Shell). Il est cité ici pour sa célèbre étude des fossiles albiens d'Escragnolles (Var), publiée en 1897 avec Parona. Les deux auteurs y créent les genres Cleoniceras et Falloticeras, ainsi que les espèces d'ammonites Puzosia quenstedti et provincialis, Douvilleiceras inaequinodum, Lyelliceras pseudolyelli, Hoplites canavarii, mirabilis et rudis, et Epihoplites (Metaclavites) compressus. Dans un travail de 1921 avec Nágera en Argentine, il a défini le type du genre Aioloceras, A. argentinum.

Commentaires. La paléontologie n'est pas soutenue en France. Une des conséquences est que ce sont des étrangers, heureusement talentueux, qui viennent étudier nos affleurements importants, comme Gale, Kennedy et consorts dans la Drôme, pour la limite Aptien-Albien au Col de Pré-Guittard (2000) et la limite Albien-Cénomanien au Mont-Risou (1996). Ça ne date pas d'aujourd'hui, puisque ce sont les deux italiens Bonarelli et Parona qui sont venus étudier Escragnolles!


Maurice BREISTROFFER

Breistroffer

Maurice André Frantz Breistroffer (1910-1986, extrait d'une photo de groupe de 1930) est un botaniste, entomologiste et paléontologue français. Il a obtenu une licence de sciences naturelles puis travaillé au Laboratoire de Géologie de Grenoble sous la direction de Maurice Gignoux et Léon Moret. En 1940, il est nommé conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle de Grenoble, fonction qu'il assurera jusqu'en 1978. Il entre au CNRS après la guerre. Côté paléontologie, Breistroffer a travaillé surtout sur le Crétacé inférieur du Sud-Est de la France. Concernant l'Albien en particulier, il a étudié les couches du Massif de la Chartreuse (1933), les subdivisions du Vraconnien (1936a), les corrélations entre les zones d'ammonites du Bassin Anglo-Parisien et celles de la zone méditerranéenne (1947), et les ammonites de Peille (1953). Il a également travaillé sur les ammonites albiennes de Madagascar (1936b, 1936c). Son travail majeur de 1947 montre que le Clasayésien, placé dans l'Albien par d'Orbigny et Jacob, appartient en fait à l'Aptien. Il propose aussi une zonation de l'Albien avec des listes d'ammonites pour chaque zone, en complétant les ammonites de Spath par des espèces du Sud-Est de la France. Il a créé les genres Neosilesites et Salaziceras, ainsi que des espèces comme Beudanticeras albense, Sonneratia perinflata et Hoplites spathi.

Commentaires. J'ai eu beaucoup de mal à trouver une photographie. Les écrits de Breistroffer sont difficiles à lire si on n'a pas tous les classiques sur les ammonites sous la main. En effet, il nomme souvent une nouvelle espèce en citant un spécimen figuré dans une autre publication, sans rappeler la diagnose. En plus, il manque une bibliographie à la fin (seules quelques références sont précisées en notes de bas de page), des coupes métrées, des figures dans le texte et des planches de spécimens!


Raymond CASEY

Casey

Casey (1917-2016) habitait à Folkestone en Angleterre et a collectionné les fossiles du Gault depuis son enfance. Il s'est orienté vers la recherche sur les conseils de Spath. Recruté après la seconde guerre mondiale au British Geological Survey (équivalent du BRGM français), il a obtenu son PhD en 1958 mais a commencé à publier dès 1936. Bien qu'il ait travaillé sur plusieurs étages géologiques et rédigé en tout plus de 100 publications, son œuvre la plus connue est The ammonoidea of the Lower Greensand (1960-1980), une monographie richement illustrée en neuf parties sur les ammonites des sables verts anglais. Par exemple, il a créé le sous-genre Neosaynella du genre Cleoniceras et plus de 140 espèces, dont les suivantes : Beudanticeras (Beudanticeras) newtoni, Cleoniceras (Neosaynella) inornatum, Douvilleiceras alternans et leightonense, Protanisoceras coptense, Protohoplites (Hemisonneratia) cantianus, Pseudosonneratia acuta, crassa, jacobi, occidentalis et praedentata, Sonneratia caperata, Tetrahoplites occidentalis, et enfin Uhligella derancei et subornata. Casey a aussi affiné la zonation de l'Aptien et de l'Albien anglais et établi des corrélations avec d'autres régions d'Europe, en particulier le nord-ouest de l'Allemagne.

Commentaires. J'utilise souvent les volumes du Lower Greensand, bourrés de figures et de planches de haute qualité, et avec les mensurations de nombreux spécimens. Ils complètent bien le travail de Spath, qui ne traite que du Gault plus récent. Même si Casey a eu tendance à multiplier les espèces comme Spath, son style est plus précis et moins verbeux.


William COBBAN

Cobban

William Aubrey "Bill" Cobban (1916-2015) est un paléontologue américain qui a beaucoup travaillé sur le Crétacé des États-Unis, en particulier le Crétacé Supérieur de la Mer Intérieure Américaine (Western Interior Seaway). Il a déjà trouvé un dinosaure fossilisé alors qu'il était adolescent! Titulaire d'un Bachelor en géologie de l'Université du Montana (1940), puis d'un Doctorat de l'Université Johns Hopkins de Baltimore (1949), il a passé toute sa carrière au Service Géologique des États-Unis (USGS). Homme de terrain infatigable, il a défini pratiquement toutes les 71 zones du Crétacé supérieur des USA et créé 32 genres et 215 espèces d'ammonites! Il est auteur ou co-auteur de 335 articles, notamment avec Amédro, Kennedy et Reeside, et a constitué une base de données de 14000 affleurements avec cordonnées GPS, vues aériennes ou par satellite, coupes et listes de faunes. Ses écrits sur l'Albien concernent le Texas, avec une diagnose révisée de Mortoniceras equidistans (1985), des corrélations entre le Texas, la Mer Intérieure Américaine et l'Europe de l'Ouest (1993), la formation Weno Limestone (1998), les Engonocératidés texans (1998), la région de Fort Worth près de Dallas (1999) et la formation Main Street Limestone (2005). Il a également étudié l'Albien supérieur de la formation Sarten Sandstone au Nouveau Mexique.

Commentaires. La Mer Intérieure Américaine était un bras de mer de 1000 km de large, qui traversait le Canada et les USA du nord au sud au Crétacé supérieur, en longeant l'est des Rocheuses actuelles. Elle était incomplète à l'Albien, avec un golfe canadien au nord, et un autre au sud au niveau du Texas, du Nouveau Mexique, de l'Oklahoma, de l'Utah et du Colorado. La mer albienne n'a donc jamais recouvert le nord des USA (Montana, Dakota du Nord et du Sud, Wyoming...), surtout connus pour leurs ammonites du Crétacé supérieur). Aux USA, en dehors des états cités, on trouve des sédiments albiens seulement en Californie.


Maurice COLLIGNON

Collignon

Doué d'une puissance de travail considérable, Maurice Collignon (1893-1978) a mené de pair les carrières de général d'armée et de paléontologue! Il s'est consacré entièrement à la paléontologie à sa retraite militaire en 1950. Il a étudié les ammonites et échinides de Madagascar, d'abord sur du matériel rapporté par les géologues Saint-Ours et Besairie, puis lors de quatre séjours de 6 mois dont il a rapporté 500 caisses de fossiles! De 1958 à 1971, Collignon a publié l'Atlas de fossiles caractéristiques de Madagascar en 18 tomes et est devenu un spécialiste mondialement reconnu des ammonites. Ses travaux sur l'Albien incluent les fossiles de quatre localités malgaches (Ambarimaninga, 1949; Mokahara et Komihevitra, 1950; Andranofotsy, 1951), puis le tome X de son atlas (1963). Collignon a aussi élaboré une zonation de l'Albien malgache. Dans les années 1960-1970, il a collaboré avec de nombreux auteurs pour étudier les faunes d'autres régions du globe : Bassin de Tarfaya (Sahara Espagnol, annexé depuis par le Maroc), Sahara Algérien, Angola, Mozambique, Nouvelle Calédonie, Espagne et Turquie. Sa collection qui était à l'École des Mines de Paris est maintenant conservée à l'Université de Bourgogne.

Commentaires. Ses publications sont essentielles pour identifier les ammonites albiennes malgaches, qu'on voit dans les bourses et sur Internet. Les planches de l'Atlas, imprimées à Madagascar, sont hélas de qualité médiocre, à cause du manque de moyens de la jeune république après son indépendance. Beaucoup de nouvelles espèces sont figurées mais sans diagnose ou avec une description trop sommaire. La zonation de l'Albien malgache est encore peu précise, car basée sur des zones d'association. Enfin, il faut tenir compte des révisions comme celles de Riccardi et Medina (2002) puis Kennedy et Klinger (2012). Par exemple, Cleoniceras besairiei a été transféré dans le genre Aioloceras, mais beaucoup de vendeurs d'ammonites malgaches utilisent encore le nom obsolète.


Michael Robert COOPER

Cooper, né en 1947, est le paléontologue sud-africain le plus connu avec Klinger. Après une licence et une maitrise à l'Université du Natal, il est allé à Oxford en Angleterre pour y décrocher son doctorat (1977). Il est revenu en Afrique du Sud pour devenir paléontologue au Queen Victoria Museum de Salisbury (Zimbabwe) et étudier les dinosaures, les oiseaux et les tortues. Il a ensuite rejoint l'université de Durban-Westville (Afrique du Sud), où ses recherches ont porté principalement sur la stratigraphie, les ammonites, les bivalves (trigonides, huîtres) et les brachiopodes. Depuis sa retraite anticipée en 2002, il est conservateur honoraire de paléontologie au Musée des Sciences Naturelles de Durban et professeur émérite de géologie à l'Université du KwaZulu-Natal (fusion en 2010 des universités du Natal et de Durban-Westville). Il a rédigé 140 publications, dont 4 livres. Son livre le plus récent (2024) propose une alternative plus moderne au Treatise de Wright sur les ammonites crétacées, notamment en figurant les sutures de tous les genres. Concernant l'Albien, citons ses articles sur les couches du Losenstein en Autriche (1977), les ammonites d'Angola (1979, 1982) et les Scaphitidae du Cambridge Greensand (1990). Comme Klinger, il a beaucoup écrit avec Kennedy.

Commentaires. Je n'ai pas réussi à trouver une photo. Cooper et Owen ont publié trois articles surprenants où ils chamboulent la classification des ammonites albiennes, pour les précurseurs des Placenticeratidae (2011a), les Hoplitidae (2011b) et les Sonneratiidae (2013). Par exemple, celui sur les Hoplitidae définit de nouveaux genres sur des critères phylogénétiques, dont Amedroites pour Hoplites benettianus et ses variants. Francis Amédro n'en demandait pas tant! Il semble que ces révisions très (trop?) radicales ne soient pas encore acceptées par les autres paléontologues.


Jim CRAIG

Craig

Jim Craig (1933-2001) est un paléontologue amateur anglais de Folkestone. Il a travaillé surtout sur les argiles du Gault de cette localité, ce qui lui a permis de collecter un grand nombre de beaux fossiles nacrés, principalement des ammonites. Il est honoré ici pour son superbe site Internet, Fossils of the Gault clay & Folkestone beds of Kent, UK, avec des clichés en couleur et haute résolution. Ce site a reçu en 2004 le Golden Trilobite Award de la Palaeontological Association. Jim Craig a légué sa collection au Museum d'Histoire Naturel de Londres (ex-British Museum of Natural History), ce qui a permis de fournir des lectotypes pour plusieurs espèces de Spath, dont l'holotype avait été détruit par l'altération de la pyrite.

Commentaires. Le site de Jim est très utile pour identifier les ammonites de Folkestone et de Wissant, ou pour confirmer visuellement une détermination provisoire. Depuis la disparition de l'auteur, il est maintenu par Fred Clouter, membre comme lui de la Medway Fossil and Mineral Society. Ce souci de continuité mérite d'être souligné, car trop de sites disparaissent au décès de leur concepteur. Alors que des livres de plusieurs siècles sont toujours disponibles dans certaines bibliothèques, il faut reconnaitre que la question de la pérennité du contenu des sites Internet est complètement négligée.


Pierre DESTOMBES

Destombes

Comme Amédro et Collignon, Pierre Destombes (1912-2002) a suivi une double carrière : il a soutenu son Doctorat en Médecine en 1938, tout en passant un diplôme de géologie pendant ses études médicales. Il avait un frère géologue, Jean-Paul Destombes (1904-1974), avec lequel il a écrit ses premiers articles. Médecin militaire outre-mer jusqu'en 1957, puis chercheur en histologie infectieuse et tropicale à Paris et nommé professeur en 1973, il a pris sa retraite en 1977. Il a publié dès 1937 en paléontologie, dans les revues de l'Académie des Sciences, de la Société Géologique du Nord, de la Société Géologique de France et du Muséum du Havre. Pierre Destombes a travaillé sur les sites albiens du Bassin Parisien : Boulonnais, Pays de Bray (Bully), carrières de l'Aube et falaises du Pays de Caux. C'est lui qui a créé Otohoplites bulliensis, une ammonite réputée pour ses magnifiques exemplaires nacrés de Bully. Il a proposé la première zonation de l'Albien basée sur les Hoplitidés (1963). Dans le volume Albien des stratotypes français du CNRS (Rat, 1979), il a écrit un gros chapitre sur les ammonites auboises de l'Albien inférieur et moyen. Spécialiste mondialement reconnu des ammonites albiennes, il considérait Francis Amédro comme son héritier scientifique.

Commentaires. Le chapitre de 1979 décrit le découpage maintenant classique des argiles de Courcelles en lits a-b-c-d-e-f et offre de beaux clichés des ammonites du Perchois (Aube), avec des espèces nouvelles comme Beudanticeras perchoiense, Cleoniceras ornatum, Sonneratia daguini, S. ciryi, Pseudosonneratia flexuosa, Otohoplites larcheri et Rossalites albini. Selon Amédro (1992), O. bulliensis est un synonyme junior de O. subhilli (Spath, 1942). Spath (p. 689) avait créé ce dernier sous le nom de Dimorphoplites subhilli, en désignant comme type le Hoplites teuthydis du Manguistaou illustré par Sinzow (1909, pl. 3, fig. 19-20).


Andrew Scott GALE

Gale

Le professeur Andrew Scott Gale, dit "Andy", est un spécialiste anglais du Crétacé. Il a été professeur de géologie à l'Université de Greenwich puis, à partir de 2007, à l'Université de Portsmouth. Il a publié plus de 200 articles sur la stratigraphie de la craie, la sédimentologie et la paléontologie, et créé 252 nouveaux taxons (ammonites, bivalves, oursins, crinoïdes, étoiles de mer, cirripèdes, foraminifères...). Il a un intérêt particulier pour les successions crayeuses de l'Europe du Nord-Ouest. Il a aussi travaillé sur la définition de l'Anthropocène comme nouvel étage géologique. Actuellement retraité, il a le statut de professeur émérite et continue ses recherches. Andy Gale a surtout travaillé sur les étages Cénomanien à Campanien, mais il est co-auteur de quelques publications importantes concernant l'Albien  : un sur la limite Aptien-Albien au Col de Pré-Guittard et à Tartonne dans les Alpes (2000), un sur l'Albien supérieur du Mont-Risou près de Rosans dans la Drôme (2011), un sur les couches de l'Albien supérieur au Turonien inférieur du bassin de la Rivière Cauvery (ou Kaveri) au sud de l'Inde (2019), et quatre sur les ammonites albiennes du Texas (1998, 1999, 2005, 2020). Il a aussi coécrit avec Young, Knight et Smith un très bon ouvrage de vulgarisation de 372 pages, richement illustré, sur le Gault de Folkestone, Fossils of the Gault Clay, édité par The Palaeontological Association (2010).

Commentaires. Je n'ai pas réussi à trouver sa date de naissance.


Edmond HÉBERT

Hébert

Edmond Hébert (1812-1890) était préparateur de chimie à l'Ecole Normale Supérieure de Paris, avant de s'orienter assez tardivement vers la géologie, avec une première publication à 33 ans. Il a soutenu en 1857 sa thèse sur le Jurassique du Bassin de Paris et a été nommé titulaire de la chaire de géologie de la Sorbonne la même année. Élu en 1877 à l'Académie des sciences, il a été trois fois président de la Société Géologique de France. Il a organisé et présidé le premier Congrès Géologique International qui s'est tenu à Paris en 1878. Il est auteur ou coauteur de 103 publications. Concernant l'Albien, Hébert a créé avec Munier-Chalmas l'ammonite de l'Albien supérieur Salaziceras salazacense, à partir de spécimens du gisement de Salazac dans le Gard (1875). Il a aussi publié deux articles sur l'Albien de l'Yonne (1863, 1878). C'est lui qui a défini la formation des Argiles des Drillons de ce département.


Charles JACOB

Jacob

Ce grand paléontologue français (1878-1962) a été diplômé de Polytechnique et de l'ENS. Sous la direction du célèbre géologue Wilfrid Kilian à Grenoble, il a obtenu en 1907 son doctorat sur la stratigraphie et la paléontologie du Crétacé des Alpes. Il est ensuite devenu Professeur à l'Université de Toulouse, puis à la Sorbonne. Pendant sa carrière, il a assuré de nombreuses missions pour l'État, comme la coordination de projets d'adduction d'eau dans le Gard et en Lozère, l'établissement de cartes géologiques, la prospection pétrolière et la direction du Service Géologique de l'Indochine. Il a présidé l'Institut de France, la Société Géologique de France et le CNRS. La même année que sa thèse (1907), il a publié une grosse étude sur les ammonites crétacées du sud-est de la France. Jacob était un observateur très fin, qui a montré dans cette étude que certains genres de l'époque étaient hétérogènes, faisant faire ainsi des progrès décisifs à la systématique des ammonites crétacées. Il a créé par exemple les genres aptiens-albiens Jaubertella, Leymeriella, Tetragonites et Uhligella, ainsi que de nouvelles espèces de Gaudryceras, Lytoceras, Parahoplites et Sonneratia. C'est lui qui a défini par exemple les espèces albiennes Hoplites (Isohoplites) steinmanni, Leymeriella (Proleymeriella) schramenni, Sonneratia sarasini, S. parenti, Uhligella balmensis, U. clansayensis et U. rebouli.

Commentaires. Personne n'est parfait : scientifique reconnu par tous et très apprécié de ses étudiants, Jacob a eu la réputation d'un dictateur et des opinions très conservatrices, quand il était directeur du CNRS sous Vichy, de 1940 à 1944.


William James KENNEDY

Kennedy

Le Professeur Kennedy est entré au Département de Géologie et Minéralogie de l'Université d'Oxford en 1967, puis est devenu conservateur des collections en 1976 et directeur du Muséum d'Histoire Naturelle d'Oxford de 2003 à 2010. Il est actuellement retraité mais reste professeur émérite. En travaillant surtout sur des collections anciennes, dont les grandes réserves d'Oxford, Jim Kennedy a rédigé 357 publications sur les ammonites crétacées, notamment sur le Cénomanien et l'Albien du Bassin Anglo-Parisien, du Sud-Est de la France, de l'Afrique du Sud, de Madagascar et du Kazakhstan. Il a révisé de nombreux genres, en ayant la bonne idée de refaire des clichés en haute résolution des vieux holotypes. Il a beaucoup coécrit avec le sud-africain Herbert Klinger sur les ammonites du KwaZulu-Natal (ex-Zululand), avec beaucoup d'espèces albiennes qu'on retrouve à Madagascar. Jim Kennedy a travaillé aussi sur le terrain, citons deux études sur la limite Albien-Cénomanien au Mont Risou près de Rosans (Drôme), et sur la limite Aptien-Albien à Arnayon (Drôme) et Tartonne (Alpes de Haute Provence) en 2000. Parmi les ammonites décrites sur ce site, il a créé les genres Umsinenoceras et Pseudobrancoceras, ainsi que les espèces Brancoceras flexuosum et multicostatum.

Commentaires. Sans doute le plus grand spécialiste actuel des ammonites du Crétacé et le plus prolifique! Ma page de références cite "seulement" 31 de ses publications, celles liées à l'Albien. Comme chez Francis Amédro, j'apprécie chez lui ses révisions saignantes, où il fait bien le ménage en ramenant de nombreuses "espèces" au rang de variants de quelques taxons principaux, tout en rédigeant des diagnoses plus claires. Malgré sa charge de travail, Jim m'a plusieurs fois dépanné aimablement pour déterminer des ammonites et m'a même posté de la documentation. Je n'ai pas réussi à trouver sa date de naissance.


Herbert KLINGER

Klinger

Herbert Christian Klinger (1945-2024) est un paléontologue sud-africain. Titulaire d'un Doctorat en Paléontologie de l'Université de Tübingen (Allemagne) en 1972, il a été Maitre de Conférences avec des enseignements au Département des Sciences Géologiques de l'Université du Cap (Afrique du Sud). Il a effectué en parallèle ses recherches au Iziko South African Museum. dont il a été conservateur des collections d'histoire naturelle. Il a également servi comme éditeur en chef de la revue African Natural History, qui a remplacé Annals of the South African Museum. Auteur d'une quarantaine de publications, souvent avec Kennedy, il a surtout étudié les ammonites du Crétacé Inférieur du KwaZulu Natal en Afrique du Sud. Concernant l'Albien, citons sa synthèse sur les Labeceratinae (1989), et ses révisions de la famille des Lyelliceratinae (2008) et des genres Douvilleiceras (2015) et Pervinquiera (Deiradoceras) (2023).


Alexandre LEYMERIE

Leymerie

Polytechnicien, Leymerie (1801-1878) a enseigné à Troyes puis Lyon, avant d'être nommé professeur de géologie et de minéralogie à l'Université de Toulouse en 1841. À Troyes, il s'est distingué par ses préoccupations sociales, en dispensant des cours du soir gratuits, en mathématiques et en mécanique, à des ouvriers! Il a fondé en 1830 le Muséum d'Histoire Naturelle de Troyes, est entré à la Société Géologique de France en 1834, et a soutenu son doctorat en géologie en 1840. Il a publié un imposant mémoire en 1841-1842 sur le Crétacé aubois, avec de nombreux fossiles figurés. Malgré son poste à Toulouse, il gardait des attaches avec l'Aube où il conservait de nombreux contacts. En 1846 est parue sa Statistique géologique et minéralogique du département de l'Aube, avec la première carte géologique du département. On lui doit les espèces albiennes Lyelliceras lyelli et Protanisoceras alternotuberculatum, mais il a surtout créé de nombreuses espèces de bivalves, ainsi que des gastéropodes et des oursins.


Ryszard MARCINOWSKI

Marcinowski

Ce paléontologue polonais (1946-2010) a obtenu sa Maitrise en Géologie avec un mémoire sur le Jurassique de Pologne, à l'Université de Varsovie en 1969, et son Doctorat sur les dépôts crétacés (Albien supérieur-Turonien) transgressifs sur la chaine jurassique polonaise, en 1974. Il a été éditeur en chef de la revue Acta Geologica Polonica depuis 1999 et membre de l'Académie des Sciences de Pologne depuis 2004. Très estimé dans la communauté internationale des paléontologues, il a surtout étudié le Crétacé, dont l'Albien, d'abord en Pologne puis en Crimée, au Kazakhstan, au Turkménistan et à Madagascar. Richard Marcinowski a conduit trois expéditions au Mangyshlak en 1991, 1992 et 1999, dont il a ramené des centaines de fossiles. Il a rédigé 42 publications de 1970 à 2009. Concernant l'Albien, on peut citer sa monographie avec Wiedmann des ammonites albiennes de Pologne (1990), et deux articles sur l'Albien supérieur du Mangyshlak (1983 et 1996).


Hardouin MICHELIN

Michelin

De son nom complet Jean-Louis Hardouin Michelin de Choisy, cet inspecteur des finances (1786-1867) s'adonnait aussi à la paléontologie, la botanique et la malacologie. Il a même atteint un niveau reconnu puisqu'il a présidé la Société Géologique de France en 1848. Il est cité ici pour ses publications de 1834 et 1838 sur les fossiles albiens de l'ancienne carrière du Gaty à Géraudot, dans l'Aube, où on voit pour la première fois des ammonites albiennes françaises figurées. En particulier, c'est lui qui a créé Desmoceras latidorsatum, Phylloceras (Hypophylloceras) velledae et Pseudobrancoceras versicostatum.


Michael MURPHY

Murphy

Michael Arthur Murphy est un géologue et paléontologue américain né en 1925. Il a obtenu son doctorat à l'Université de Californie à Los Angeles en 1954. Il a ensuite fait carrière au Département des Sciences de la Terre à l'Université de Californie à Riverside, près de Los Angeles, dont il est actuellement retraité tout en restant professeur émérite. Il a travaillé principalement sur le Crétacé Inférieur de la Californie du Nord et sur le Silurien et le Dévonien des USA, notamment les trilobites et les conodontes. Il est auteur ou coauteur de 86 publications, la dernière datant de 2023, donc à l'âge de 98 ans! Au sujet de l'Albien de la Californie, citons par exemple ses articles sur les genres Leconteites et Brewericeras (1965), les Tetragonitidae (1967), la découverte d'occurrences du genre Pictetia (1992), la création du genre Schuchmanoceras, un anisocératidé de l'Albien supérieur (1996), la limite Albien-Cénomanien (1996) et les Phylloceratidae (2006). Il a revu avec Latil (2023) le genre Beudanticeras, en réservant le nom aux formes de l'Albien supérieur comme B. beudanti et en créant le nouveau genre Roberticeras pour toutes les formes de l'Albien inférieur et moyen.


Alcide d'ORBIGNY

Orbigny

Alcide Dessalines d'Orbigny (1802-1857) est un naturaliste et paléontologue français ayant apporté d'immenses contributions. Après un travail sur les fossiles de foraminifères, inventant ainsi la micropaléontologie, il a réalisé un long voyage zoologique en Amérique du Sud de 1825 à 1833. Ce périple a donné lieu à 11 volumes et 555 planches, salués par Darwin lui-même, et une collection rapportée de 9000 espèces animales et végétales. Il a proposé ensuite un découpage en 27 étages stratigraphiques des périodes du Jurassique et du Crétacé, basé sur des coupes de références appelées stratotypes. 19 sont toujours reconnus internationalement, dont l'Albien défini en 1843. De 1842 à 1860 (à la fin à titre posthume) ont été publiés les 9 tomes de sa Paléontologie Française, avec plus de 4000 pages, 1440 lithographies et 2800 espèces. Cette œuvre magistrale est malheureusement inachevée. Très connu dans le monde entier avec des rues et des écoles à son nom, d'Orbigny a aussi laissé une imposante collection de fossiles, conservée au MNHN à Paris.

Commentaires. La systématique a évidemment beaucoup évolué depuis. Le volume de la Paléontologie Française sur les céphalopodes crétacés a ainsi été révisé dans un livre coordonné par Fischer (2006), avec de bons clichés de spécimens de la collection d'Orbigny. Ces clichés montrent que d'Orbigny et son dessinateur enjolivaient souvent leurs planches, par exemple en extrapolant des parties manquantes! Avant-gardiste à son époque, D'Orbigny a eu des problèmes pour faire reconnaitre la nouvelle science qu'était la paléontologie. De plus, il a injustement souffert de jalousies de ses collègues, qui ont plusieurs fois bloqué ses candidatures à l'Académie des Sciences et au Muséum. Il a dû attendre 1853 pour qu'un décret de Napoléon III le nomme enfin professeur, sur une nouvelle chaire de paléontologie spécialement créée pour lui au Muséum. Mais il n'en a profité que 4 ans...


Hugh Gwyn OWEN

Owen

Hugh Owen (1933-2022) est un paléontologue anglais ayant un doctorat du King's College de Londres (1969) et chercheur au British Museum of Natural History. Spécialiste internationalement reconnu de la biostratigraphie des ammonites du Crétacé, il a beaucoup travaillé sur l'Albien d'Europe de l'Ouest et en particulier du Bassin Anglo-Parisien. Il a notamment publié une monographie très intéressante, Middle Albian stratigraphy in the Anglo-Paris basin (1971), qui passe en revue de nombreux gisements anglais et français, avec des coupes détaillées. Cette publication décrit aussi trois nouvelles espèces : Anahoplites grimsdalei, Anahoplites osmingtonensis et Hoplites maritimus, décrites sur notre site. Dans ses dernières années, Owen a publié avec Gallois des descriptions stratigraphiques très détaillées des formations albiennes du sud de l'Angleterre, région par région : East Anglia et Sud-Est de l'Angleterre (2016), ile de Purbeck (2017), Bassin du Wessex et Sud-Ouest de l'Angleterre (2018), du Dorset au East Devon (2019), du Dorset au Buckinghamshire et Weald Occidental (2020).

Commentaires. Comme Francis Amédro, Hugh Owen a été géologue consultant pour la construction du tunnel sous la Manche, mais côté anglais. En 1983, sur la base d'une étude des inversions magnétiques et des données paléontologiques des fonds marins, il a réalisé un atlas des déplacements continentaux depuis 200 millions d'années jusqu'à aujourd'hui. Dans l'esprit d'Owen, ce travail considérable et reconnu devait contribuer à justifier la théorie de l'expansion terrestre. Cette théorie, proposée en 1953 par le géologue australien Samuel Carey, tente d'expliquer la dérive des continents par une augmentation de la surface et du volume de la Terre. Mais elle est rejetée par la majorité des géologues.


François-Jules PICTET

Pictet

François-Jules Pictet de la Rive (1809-1872) est un zoologue et paléontologue suisse très prolifique. Il a enseigné la zoologie, la géologie et la paléontologie à l'Académie de Genève, dont il a été recteur en 1847-1850 et 1866-1868. Ressentant le besoin d'un manuel, il a rédigé un Traité élémentaire de paléontologie en 4 volumes (1844-1846). Il consacrait beaucoup de temps au Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, dont il a considérablement enrichi les collections paléontologiques par de nombreux dons et legs. Côté fossiles, Pictet a surtout étudié ceux du Jurassique et du Crétacé de Suisse. De 1847 à 1854, il a écrit avec William Roux la Description des mollusques fossiles qui se trouvent dans les Grès Verts des environs de Genève. Comme d'Orbigny, il s'est attaqué à partir de 1854 à un grand ouvrage, les Matériaux pour la paléontologie suisse, qui parait sous forme de fascicules jusqu'en 1873. Il s'entoure pour cela d'autres paléontologues suisses comme Campiche, Loriol, Renevier et Roux. Une importante contribution des Matériaux est la Description des fossiles du terrain crétacé des environs de Sainte-Croix (1858-1871), rédigée avec Gustave Campiche. Ces références contiennent de nombreuses espèces nouvelles, surtout des gastéropodes et des bivalves. Parmi les ammonites albiennes, citons Pleurohoplites (Arraphoceras) studeri et Protanisoceras blancheti, décrites sur ce site.

Commentaires. Malgré sa bouille de chérubin, Pictet était un travailleur infatigable, très au courant des travaux des paléontologues français de son époque, comme d'Archiac, Bruguière, Leymerie et naturellement d'Orbigny. Ses publications ont un style clair et agréable, mais assez bavard. Il a un lointain descendant, suisse et paléontologue comme lui, Antoine Pictet, qui conduit des recherches sur le Crétacé inférieur à l'Université de Lausanne.


Victor RAULIN

Raulin

Victor Félix Raulin (1815-1905) est un géologue et paléontologue français qui s'est intéressé aussi à la botanique et à la météorologie. Il a suivi les cours du Muséum National d'Histoire Naturelle, dont il devient préparateur en 1838. De 1840 à 1846, il est vice-secrétaire puis secrétaire de la Société Géologique de France. Il obtient son doctorat en 1849 et devient titulaire de la chaire de Minéralogie-Géologie-Botanique de la faculté des sciences de l'Université de Bordeaux, jusqu'à sa retraite en 1885. Il est auteur ou coauteur de 76 travaux. Il a réalisé les cartes géologiques au 1/80000 des départements de la Gironde et du Lot-et-Garonne. Il a également publié une description des terrains du Crétacé moyen de l'Yonne (1851) et l'imposante Statistique géologique du département de l'Yonne (1858), avec de grandes sections sur l'Albien. La statistique, débutée avec Alexandre Leymerie, a donné lieu à une violente querelle entre les deux hommes sur leurs contributions respectives, aboutissant par décision de justice à une mention alambiquée sur l'ouvrage : "statistique exécutée et publiée par M.V. Raulin, avec la direction et la coopération de M.A. Leymerie".


Anatoli Antonovitch SAVELIEV

Ce paléontologue russe (1910-1994) a travaillé à partir de 1938 à l'Institut Panrusse de Prospection et de Recherche Pétrolière de Saint-Pétersbourg (le VNIGRI en russe), un gros laboratoire créé en 1929. À partir de 1947, il a consacré l'essentiel de ses recherches à la paléontologie des grands affleurements albiens de la péninsule du Mangyshlak, au Kazakhstan. Après avoir étudié les collections de Semenov et Sinzow, constituées vers 1890-1915, il a effectué plusieurs longues missions sur le terrain. Il a élaboré des zonations de plus en plus précises de l'Albien du Mangyshlak dans ses articles et rédigé deux livres en russe. Le premier, Stratigraphie et ammonites de l'Albien inférieur du Mangyshlak (zones à Leymeriella tardefurcata et Leymeriella regularis) (1973) décrit les céphalopodes de l'Albien basal. Le second couvre le reste de l'Albien inférieur : Ammonites de l'Albien inférieur du Mangyshlak – Leur phylogénie et importance pour la stratigraphie zonale de l'Albien du sud de l'URSS (super-zone à Cleoniceras mangyschlakense) (1992). Ces ouvrages définissent des genres nouveaux comme Bellidicus et Neoleymeriella. On y trouve aussi de nombreuses espèces nouvelles des genres Leymeriella, Anadesmoceras, Sonneratia, Pseudosonneratia, Tetrahoplites, Protohoplites et Otohoplites. Sur ce site nous décrivons les espèces suivantes de Saveliev : Sonneratia luppovi, S. globulosa, S. vnigri, Pseudosonneratia kalugini, Tetrahoplites finitimus, Semenoviceras solidum et S. tamalakense.

Commentaires. Les livres de Saveliev sont des bibles pour déterminer les ammonites albiennes qui sortent de temps en temps du Kazakhstan, avec beaucoup d'espèces endémiques. Ses descriptions sont verbeuses mais bien structurées et très précises, avec systématiquement les dessins des lignes de sutures. Mais attention, il faut pouvoir lire le russe et les clichés des planches ont une résolution médiocre, comme dans tous les livres scolaires et scientifiques de l'époque soviétique. Même en utilisant le moteur de recherche russe Yandex, je n'ai pas pu trouver une photographie de lui.


Benjamin SEMENOV

Semenov

De son nom complet Benjamin Petrovitch Semenov-Tian-Shansky, ce chercheur russe (1870-1942, portrait datant de 1940) est surtout connu pour ses travaux en géographie et économie dans les années 1920-1930, donc du temps de l'Union Soviétique. Mais il s'est consacré dans ses jeunes années à la paléontologie, après un diplôme de géologie à l'Université d'État de Saint-Pétersbourg en 1893. Il a par exemple effectué une expédition en 1895 dans le massif de l'Altaï en Sibérie, pour réaliser une carte géologique. Semenov a commencé à travailler sur la paléontologie du Mangyshlak en étudiant les nombreux fossiles ramenés par son collègue Andrussov lors d'une expédition en 1887. Il est surtout connu pour un gros article de 178 pages et 5 planches (1899), sur la faune des dépôts crétacés du Mangyshlak, une synthèse incluant beaucoup de fossiles albiens. Ce travail en russe constitue la première étude notable sur cette région, avant celles de Sinzow puis de Saveliev. Semenov a défini en particulier les espèces nouvelles Semenoviceras uhligi, michalskii et pseudocoleonodum (la première est décrite sur notre site). Il a légué une importante collection de fossiles au Musée de Paléontologie de Saint-Pétersbourg.


Ivan Fedorovitch SINZOW

Sinzow

Né en 1845, Sinzow est un paléontologue russe d'une grande culture, qui a soutenu en 1872 son doctorat en géologie à l'Université de Novorossiisk, un grand port sur la Mer Noire. Il a publié 62 travaux, dont une carte géologique précise de la région de Saratov sur la Volga (1888). Trilingue, il a écrit surtout en russe mais aussi en allemand et même parfois en français. Il a beaucoup travaillé sur le Crétacé du Sud de la Russie (Saratov, Odessa...), du Caucase du Nord et du Mangyshlak. Dans un article de 1907 en allemand sur l'Aptien-Albien du Mangyshlak, il a défini le genre aptien Acanthohoplites et de nouvelles espèces albiennes, comme Cleoniceras (Neosaynella) platidorsatum, Protohoplites (Protohoplites) latisulcatus, Sonneratia media, S. grandis, S. tenuis et S. sexangula. Les trois dernières sont décrites sur notre site. Certaines de ses espèces de Sonneratia ont été transférées depuis dans les genres Arcthoplites et Tetrahoplites, par exemple Arcthoplites jachromensis, Tetrahoplites rossicus et Tetrahoplites subquadratus (les deux Tetrahoplites font également l'objet d'une fiche sur ce site).

Commentaires. Même si la plupart des ammonites ont été révisées depuis, l'article de 1907 est précieux car les planches de photographies incluent des espèces jamais refigurées depuis. Je remercie Laurent Zimmer de Lithologia, qui en a bavé en me traduisant les descriptions de Sinzow, écrites m'a-t-il dit "dans un allemand suranné du 19ème siècle".


Leonard Frank SPATH

Spath

Spath (1882-1957) est le plus grand ammonitologue des années 1920 à 1950. Travailleur acharné et solitaire, il détestait les mondanités au point de participer rarement aux réunions des sociétés savantes et aux congrès. Il tirait de maigres revenus d'emplois successifs à durée déterminée au British Museum (où il a refusé un poste officiel), et de cours de géologie au Birkbeck College de l'Université de Londres, où il était très apprécié des étudiants. Au moins cela lui laissait beaucoup de temps libre pour la paléontologie! Après son doctorat en géologie en 1921, ses publications les plus connues concernent le Jurassique du Kutch en Inde (1927-1933) et surtout A monograph of the ammonoidea of the Gault, en 2 volumes et 16 parties (1923-1943). Il a également étudié des faunes africaines (Angola, Afrique du Sud, Mozambique, Tunisie, Kenya, Tanzanie) et du Groenland. Après Jacob en France, cet observateur très fin a considérablement développé la systématique des ammonites albiennes et créé beaucoup de nouveaux genres et espèces. Il a par exemple défini presque toutes les espèces de Euhoplites.

Commentaires. La monographie sur les ammonites du Gault est la référence la plus complète sur les ammonites de l'Albien moyen et supérieur du Bassin Anglo-Parisien, avec une abondance de planches photographiques et de spécimens mesurés. C'est une œuvre imposante et très utile, dont j'ai la chance de posséder les deux volumes originaux. Mais elle ne traite pas des ammonites des sables verts inférieurs anglais (Lower Greensand), pour lesquels il faut lire Casey. Il faut aussi intégrer les révisions publiées depuis : par exemple, Amédro, Casey et Kennedy ont simplifié des parties de son travail, en regroupant des espèces et en rédigeant des diagnoses plus claires. On a reproché à Spath son style littéraire et verbeux, voire précieux, alors qu'on attend d'un scientifique un style plus technique et précis. C'est aussi le type même du chercheur multipliant les "espèces" sur des différences parfois mineures.


Claud William WRIGHT

Wright

Claud William Wright (1917-2010, portrait de 1988) est un haut fonctionnaire britannique qui a fait carrière au Ministère de la Défense puis à celui de l'Éducation. Pendant ses études à Oxford, il est initié à la paléontologie par le célèbre géologue anglais Arkell. Il atteint rapidement un niveau international et devient président de la Geologists' Association de 1956 à 1958. A sa retraite de fonctionnaire en 1976, il peut se consacrer pleinement à la paléontologie, comme chercheur au Wolfson College de l'Université d'Oxford (1977-1983), puis chercheur associé au British Museum. Il a étudié surtout le Crétacé d'Angleterre : ammonites mais aussi oursins, étoiles de mer et crabes fossiles. Il a rédigé plus de 150 publications de 1932 (à l'âge de 15 ans!) et 2003. Les plus connues sont le volume sur les ammonites crétacées du Treatise of Invertebrate Paleontology (1957, refondu par lui en 1996) et, avec Kennedy, The ammonoidea of the Lower Chalk en 5 volumes (1984-1996). Ses publications sur l'Albien concernent le Gault supérieur d'Aylesbury (1939), l'Albien inférieur de Leighton Buzzard (1942, 1947), les couches de Farnham (1942), l'Albien terminal du Dorset (1945), l'évolution des Desmocerataceae et Hoplitaceae (1955), et les genres Umsinenoceras (1979) et Stoliczkaia (1994). Il a accumulé une énorme collection, actuellement répartie entre le Natural History Museum (ex-British Museum - Natural History) et le Museum de l'Université d'Oxford.

Commentaires. Les débutants auxquels je conseille le Treatise de Wright sont souvent déçus car ils croyaient y trouver des noms d'espèces pour leurs spécimens. Ce livre est surtout un excellent résumé qui présente la classification des ammonites du Crétacé, avec les définitions des sous-ordres, super-familles, familles, genres et sous-genres, accompagnées de nombreuses illustrations. Il permet déjà d'identifier le genre d'un spécimen, ce qui est déjà pas mal. La détermination de l'espèce nécessite ensuite une très grosse documentation, dans mon cas 8 étagères de 90 cm, plus des centaines de publications sous forme électronique sur mon PC!


Keith YOUNG

Young

Keith Preston Young (1918-2004) a obtenu un doctorat en géologie à l'Université du Wisconsin à Madison en 1948. Il a ensuite rejoint l'Université du Texas à Austin où il a fait toute sa carrière, essentiellement sur la stratigraphie du Crétacé nord-américain et la paléobiologie des ammonites. Il a continué ses recherches comme professeur émérite après sa retraite en 1988. Il a rédigé plus de 100 publications et a réalisé des guides de terrains et des bases de données de spécimens fossiles. Ses contributions sur l'Albien incluent les ammonites de l'Albien supérieur du Texas (1957, 1968), celles de l'Albien inférieur (1974), les Mojsisovicziinae texans comme les Oxytropidoceras (1966), les corrélations stratigraphiques entre les formations du Texas et du Mexique (1979), et les Lyelliceratidae de ces deux régions (1979).

Commentaires. J'ai trouvé 14 articles de revues et mémoires dont il est auteur ou coauteur, mais pas de liste exhaustive de ses publications.