Classification. La classification en zoologie forme un arbre qui se ramifie en embranchements, classes, ordres, familles, genres et espèces. Par exemple, la classe des céphalopodes rassemble des animaux marins à tentacules. Elle inclut l'ordre des coléoïdes (pieuvres, calmars et seiches), l'ordre des nautiloïdes (nautiles) et l'ordre disparu des ammonoïdes. Il est hors de question de présenter ici la classification complète des Ammonoidea avec ses 560 genres et sous-genres. Notre page Genres la détaille seulement pour les espèces albiennes de ce site. Pour une vue d'ensemble, voir Wright et al. (1996) et Lebrun (2003).
Nom d'espèce. Il comprend deux mots latins en italiques : un nom de genre avec une majuscule, puis un adjectif ou complément de nom pour l'espèce. Le nom est souvent dédié à une personne, comme Lyelliceras lyelli en l'honneur du paléontologue Charles Lyell (portrait) ou Otohoplites raulinianus pour le géologue français Victor Raulin. À l'origine, lyelli et raulinianus avaient une majuscule mais cette pratique a disparu dans les années 1950. Le "latin de cuisine" utilisé est parfois hideux, comme l'ammonite Bucaiella cayeuxi, dédiée aux paléontologues normands Bucaille et Cayeux! Signalons que les noms en "as" sont neutres en latin : Dipoloceras bouchardianum.
Création. Le nom peut être suivi de l'auteur et de l'année de création : Pseudosonneratia crassa Casey, 1965. L'auteur doit désigner un exemplaire de référence, conservé dans un musée, l'holotype. Si des chercheurs découvrent indépendamment un genre ou une espèce, le nom retenu est le plus ancien : Sonneratia strigosa Saveliev, 1973, est ainsi un synonyme junior de Sonneratia caperata Casey, 1965. Le nom du genre peut être suivi d'un sous-genre entre parenthèses, comme Sonneratia (Eosonneratia) parenti. Comme la classification évolue, une espèce peut changer de genre. L'auteur initial et l'année sont alors entre parenthèses : Aioloceras besairiei (Collignon, 1949) était à l'origine un Cleoniceras. Pour faire le point sur une espèce, il faut établir la synonymie, c'est à dire l'histoire de ses noms successifs.
Trop d'espèces? Certains auteurs comme Spath et Casey ont créé un grand nombre d'espèces d'ammonites, sur des différences parfois mineures. Le champion est Etayo-Serna, qui a créé des dizaines d'espèces colombiennes tout à fait semblables à des espèces européennes connues. La tendance actuelle est de rattacher à une même espèce des individus à caractères communs, trouvés dans un même niveau. Les statistiques confirment, en montrant une grande variabilité intraspécifique : les rapports comme H/E (page Mensurations) suivent une loi normale. De nombreuses "espèces" ont donc été ramenées au rang de simples variants. Par exemple, Amédro (1992) considère Hoplites dentatus (J. Sowerby, 1821), spathi Breistroffer, 1940, et paronai Spath, 1925 comme des variants d'épaisseur croissante de H. dentatus, qui a l'antériorité. Mais on peut écrire par exemple H. dentatus var. paronai pour insister sur la forme épaisse.
Dimorphisme sexuel. On connait chez des espèces du Jurassique l'existence de formes microconches (ou microconques) de petite taille, présumées mâles, et de formes plus grandes macroconches (ou macroconques), supposées femelles. Ainsi, le genre oxfordien Creniceras est la forme microconque du genre Taramelliceras (Quereilhac et al., 2009). L'identification des dimorphes chez les ammonites du Crétacé est encore balbutiante, mais elle pourrait réduire encore le nombre d'espèces. W. J. Kennedy que j'avais contacté sur l'existence d'espèces nombreuses, très voisines et mal définies chez le genre aptien Acanthohoplites, m'a répondu : "the present taxonomy is that of splitters who see difference rather than intraspecific variation and dimorphism". Et pan dans leur gueule!